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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/377

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et s’ils ne l’ont pas encore étudié d’assez près, c’est parce qu’on ne peut pas faire tout à la fois ; mais je ne sache pas qu’ils aient jamais parlé de Legrand, et vous verrez qu’ils n’en parleront guère, malgré la passion tardive que cet infortuné poète devait inspirer à Schlegel. Est-ce que Legrand n’est pas un fait aussi bien que Molière, et le théâtre de Campistron existe-t-il moins réellement que celui de Racine ? Ah ! messieurs, si vous êtes revenus de tant d’illusions, de grâce, que ce ne soit pas pour nous jeter dans un embarras nouveau en nous obligeant à vous demander compte de l’arbitraire de vos choix.

Mais l’objection ne les arrête guère : « Nous sommes, disent-ils quand on les presse sur ce chapitre, nous sommes les historiens de la littérature. Or l’histoire ne peut être qu’un abrégé. Parmi les incidents sans nombre dont se compose la vie des peuples, elle choisit ceux qui sont plus saillants. Nous faisons comme elle ; nous nous attachons aux œuvres qui ont fixé l’attention publique, et qui, par là, ont acquis plus d’importance. Le temps nous manque pour tout voir et tout comparer ; la vie est trop courte. Si nous choisissons, ce n’est pas en vertu d’un principe ni d’un système, c’est par une simple nécessité matérielle, et si, comme le commun des mortels, nous allons de préférence aux auteurs qui ont été plus lus et plus admirés, c’est que l’impor-