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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/376

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temps où sa critique n’était point aussi désintéressée qu’elle le fut plus tard. Il s’en est surtout occupé dans ses anciens Portraits, lorsque, faisant une première revue des classiques français, il songeait à déblayer le terrain, en faveur de ses amis, les poètes romantiques. Il faudrait une étude sur Molière analogue à celle de Taine sur Racine. Cette lacune est regrettable ; mais il est facile de la combler par la pensée. L’école historique s’est fait connaître par des productions assez variées pour qu’on sache dans quel esprit elle aborderait Molière et pour qu’on puisse au moins pressentir ses conclusions.

Conclusions, le mot est-il juste ? A-t-elle le droit de conclure ? Personne ne le lui contesterait, si elle ne s’en privait pas elle-même. Elle ne peut conclure qu’en déviant de son programme. En matière littéraire, conclure signifie choisir ; or quiconque professe que les faits sont sacrés par cela seul que ce sont des faits, et déclare mettre sa joie dans la variété de la nature, s’ôte par là même le droit de choisir.

Et cependant les critiques historiens choisissent, eux aussi. Les artistes et les poëtes dont ils nous parlent sont exactement les mêmes que ceux auxquels l’ancienne critique prodiguait ses éloges, et ils ignorent ceux qu’elle ignorait. Ils ont beaucoup parlé de Racine, ils n’ont pas consacré la plus petite étude à Campistron ; ils ont souvent nommé Molière,