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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/41

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sordre moral devint un crime d’état. Ainsi Genève fut une ville mise à part, une ville consacrée à Dieu et gouvernée par ses ministres ; elle porta le sceau de l’élection divine ; au milieu de ce siècle de désordre, ce fut comme une victime purifiée qu’on immolait sur l’autel du devoir. Calvin n’y rentra qu’à ce prix. Un banni de sa race ne pouvait quitter l’exil que pour régner.

Il fit plus, il chercha à établir ailleurs des institutions analogues ; il usa de toute son influence pour les faire accepter par les églises de Suisse et de France. Il réussit sur plusieurs points. La plupart des églises françaises se constituèrent, autant que le permettait la persécution, sur le modèle de l’église de Genève.

Calvin travailla à fixer les croyances des églises réformées en en faisant ressortir l’enchaînement logique. Les dogmes nouveaux qui jusqu’alors étaient restés en quelque sorte isolés, ou qui avaient été simplement rapprochés, plutôt que rigoureusement enchaînés les uns aux autres, formèrent enfin un ensemble imposant, une doctrine, un système. Sur les questions litigieuses, sur celle de la Sainte-Cène par exemple, Calvin suivit entre Luther et Zwingle une voie moyenne, non point par accommodement, mais par une conséquence assez naturelle de ses principes. Il ne fut excessif que sur un point ; mais c’était le nerf de tout son système, c’en était le prin-