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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/42

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cipe et la conséquence, l’anéantissement absolu de la liberté humaine. C’est dans le livre de l’Institution que les dogmes du protestantisme sont ainsi rassemblés en un corps de doctrine dont toutes les parties sont dans la plus étroite liaison. Calvin se plut à perfectionner cet ouvrage célèbre. Il en donna lui-même de nombreuses éditions. Il n’est aucun écrit auquel il ait travaillé avec une constance plus opiniâtre. Jusqu’à ses derniers jours, il y revint sans cesse, corrigeant, ajoutant, et comme convaincu que dans ce livre était renfermé le secret de son empire.[1] Il y était renfermé, en effet. Cet ouvrage est le vrai centre de toute son œuvre : tous les autres s’y rapportent : ses opuscules servirent à le défendre ; ses sermons à l’expliquer ; ses Commentaires à l’appuyer sur l’interprétation des livres saints. C’est aussi le monument le plus considérable de la foi et de la science chrétiennes au XVIe siècle. Ce fut à cette époque le livre par excellence, la Bible du protestantisme ; j’entends du protestantisme positif, non de celui qui se bornait à protester, mais de celui qui aspirait, comme toute religion sérieuse, à fonder sur la terre un royaume de Dieu.

Mais Calvin rencontra de toutes parts des obstacles et des adversaires. C’étaient les gouvernements

  1. Guizot. — Musée des Protestants célèbres, article Calvin.