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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/62

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le bûcher. Le bourreau l’enchaîna au pieu fatal ; il lui attacha au flanc son livre abominable ; il lui posa sur la tête une couronne de feuillage et de soufre. Quelques minutes après, Servet n’était plus.

Ainsi triompha Calvin dans sa grande lutte contre l’hérésie. Les libertins lui disputèrent encore quelque temps la victoire. Bertheher, sans doute, ne s’était pas approché de la table sainte ; mais le Petit conseil s’était attribué le droit exorbitant d’annuler une sentence d’excommunication prononcée par le consistoire. Le conseil des Deux-Cents, en grande partie dévoué à Perrin, légitima par un arrêté cette usurpation du pouvoir civil. Il fut décidé que le consistoire ne pourrait interdire la cène à personne sans le consentement du Petit conseil. Ainsi l’autorité religieuse était asservie.

Mais Calvin et les ministres tinrent ferme. Ils protestèrent hautement ; ils déclarèrent que Jésus-Christ avait accordé le pouvoir de lier et de délier à saint Pierre, et non à César, et qu’il était impossible que ce pouvoir fût exercé par le magistrat, tout comme il serait absurde que le consistoire se mêlât du gouvernement civil. Ainsi Calvin et ses collègues entrèrent hardiment en révolte contre les conseils. Leur résistance dura plus d’un an. Amy Perrin essaya vainement de la vaincre. Il ne fut assez fort ni pour faire obéir les pasteurs, ni pour les bannir de nouveau. Ce fut aux conseils à céder. Le 26 jan-