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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/81

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et l'a infecté jusque dans ses deiniers rameaux ; elle s’est développée avec lui. Dès lors l’homme a perdu ses lumières naturelles et le bonheur dont il jouissait auparavant.[1] Il est devenu la proie des ténèbres et de la souffrance, qui sont les résultats nécessaires du mal, tout comme le bonheur et la connaissance de Dieu sont les fruits glorieux du bien.

Cependant il entrait aussi dans le plan divin que ce malheur fût en partie réparé. De toute éternité, Dieu avait élu son fils unique, Jésus-Christ, homme et Dieu, pour être médiateur entre lui et la créature pécheresse.

Par ce médiateur, s’il en accepte l’œuvre, l’homme peut rentrer dans son premier état de félicité. S’il en accepte l’œuvre ! je me trompe ; ce n’est pas l'homme qui accepte, c’est Dieu qui accepte pour lui. Dès avant la création du monde, le sort de chaque créature a été irrévocablement fixé. Dieu a élu un peuple particulier pour avoir longtemps avant les autres connaissance du mystère de la rédemption.

  1. Calvin parle aussi quelque part (Inst. Chrét., Genève 1562, p. 168) d’un libre arbitre perdu par la chute. Il n’est pas facile d’entendre ce qu’il veut dire par là. Nombre de déclarations expresses prouvent qu’aux yeux de Calvin l’homme n’était pas plus libre avant sa chute qu’après. C’est d’ailleurs le fondement nécessaire de tout le système. L’homme, d’après la dogmatique calviniste, pourrait avoir perdu, par la faute d’Adam, une certaine puissance de volonté plus grande que celle qui lui reste, mais non pas une liberté qu’il n’a jamais eue. Est-ce ainsi qu’il faut entendre ce passage singulier ?