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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/82

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Dans ce peuple, et dans ceux qui sont venus plus tard partager l’héritage d’Israël, il a élu un certain nombre d’hommes pour accepter cette médiation suprême, et pour jouir de toutes ses grâces, tandis qu’il a prédestiné les autres à la rejeter, c’est-à-dire qu’il les a prédestinés au péché et à la mort. Dans ce choix, il n’a eu de règle que son bon plaisir. Son choix était libre ; il n’a pas à en rendre compte.

Il résulte de cette doctrine que l’homme ne peut avoir aucun mérite quelconque, et que les œuvres n’ont aucune valeur. Le pélagianismé, franc ou mitigé, peu importe, est le second grand ennemi que Calvin ne cesse de combattre. Il revient constamment à la charge ; il ne croit jamais avoir assez fait pour écraser un si dangereux adversaire. Il prouve de mille et mille manières que les œuvres ne sont rien et que la grâce est tout. C’est la grâce qui nous incline vers Dieu ; c’est elle qui nourrit et renouvelle ces mouvements salutaires ; c’est elle qui produit la conversion ; c’est elle enfin qui donne au fidèle la persévérance. Ne dites point avec Chrysostôme que la grâce ne peut rien sans la volonté, comme la volonté ne peut rien sans la grâce, car la volonté même est engendrée par la grâce.

C’est sur ce point-là qu’on a le plus souvent attaqué Calvin. On a condamné comme immorales les conséquences de sa doctrine. Si l’élection est assurée, les hommes, dit-on, peuvent pécher à loisir et