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Page:Ratel - 0degre cocktail.pdf/83

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l’éprouvent. Mais l’inexprimable, l’imprévisible, ce sont les rapprochements qu’ils nous suggèrent, les éclairs que cette révélation visuelle d’une vie ignorée ou connue seulement par nos facultés abstraites peut projeter sur les tréfonds de notre propre vie.

Je regarde, sur l’écran, tournoyer au bout d’une branche le cocon qui renferme une chrysalide. Voici le moment où l’insecte s’éveille et va sortir de son enveloppe. Le sac allongé, assez semblable à un noyau d’olive rugueux, s’agite, se déforme, par l’effet d’une convulsion interne et c’est inquiétant, comme chaque fois que nous constatons les manifestations de la vie sous des apparences inanimées. Ce cocon qui se boursoufle et va se fendre insulte à nos habitudes comme un caillou qui se mettrait à chanter.