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Page:Ratel - 0degre cocktail.pdf/85

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où il demeure aplati, gourd, mouillé, succombant sous un éblouissement confus. Le cocon déchiqueté virevolte au vent : toute la joie est en lui, qui a fini sa tâche.

Devant cette vision, et sans que ma conscience y soit pour rien, voici que s’éveille cette mémoire des sens qui précède et contient toute idée, au moins pour nous, femmes. J’entends de nouveau le sifflet de la mésange écolière, je revois le ravin, les bourgeons de coudrier éclatant en fleurs velues, la lumière d’or pâle coulant sans bruit sur le paysage ambigu, la jeune fille aux yeux de campanule puisant une eau mêlée de neige et riant sous les rayons obliques, et je retrouve intacte, et vive à croire que je viens de l’inventer, la tristesse qui, ce jour-là, doublait chacun de nos plaisirs.