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Page:Ratel - La Maison des Bories.pdf/25

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LA MAISON DES BORIES

un paquet guenilleux, qu’il jette aux pieds de sa sœur :

— Tiens, la voilà, ta Juliette. Tu peux la conduire chez le vétérinaire. Elle n’a plus qu’une patte.

Lise lève sur sa mère des yeux noyés où luit pourtant une aube d’espoir :

— Z’amie, oh ! dis… c’est vrai, que Juliette n’a plus… oh ! dis ?

Isabelle se mord les lèvres. Il ne s’agit pas de rire.

— Non, mon Oiseau Bleu, non, mon pauvre Capricorne, ce n’est pas vrai. Elle n’a même pas le bout du nez roussi.

Un grand soupir de délivrance et la Zagourette, luisante de larmes et radieuse, s’en va, les bras en berceau, emportant sur son cœur Juliette sauvée des flammes.



« Donc, à supposer qu’Amédée ait écrit à cette femme-là, ce qui n’était pas certain : « Vous pouvez bien venir la chercher si ça vous fait plaisir, » à supposer qu’il l’eût fait et que cette femme-là vînt la chercher, on pouvait être tranquille, Isabelle se mettrait sur le pas de la porte et regarderait cette femme-là d’une certaine manière, — et peut-être bien qu’elle regarderait aussi Amédée de cette manière-là, comme le jour où il avait dit qu’il allait mettre Laurent dans une maison de correction et alors Isabelle n’avait rien dit, elle ne disait jamais rien quand il y avait quelque chose entre Laurent et Amédée — seulement elle l’avait regardé de cette manière-là, et il avait crié : « Bon sang de Dieu ! » et fracassé un vase de la cheminée sur le parquet, mais on n’avait jamais plus reparlé de la maison de correction.

« Alors ce qu’elle avait fait pour Laurent ce jour-là, elle pourrait le faire pour le Corbiau un autre jour, — bien qu’elle fût la mère de Laurent et qu’elle ne fût pas la mère du Corbiau. Mais ça ne voulait rien