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Page:Ravaisson - De l’habitude, 1838.djvu/18

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nifester hautement la double influence de la seule durée du changement. Les éléments qui excitaient d’abord dans les organes une irritation extraordinaire cessent à la longue de l’exciter, sans que rien semble changé dans la constitution même de l’organe. C’est un abaissement graduel de la réceptivité. D’un autre côté, les fluides vitaux soumis dans leur cours aux intermittences caractéristiques de la vie animale affluent de plus en plus, sans cause extérieure subsistante, au moins en apparence, dans les parties où ils ont été appelés. Ils y affluent aux mêmes époques. L’habitude se révèle comme la spontanéité dans la régularité des périodes. Si la veine a été ouverte plus d’une fois à des intervalles de temps réguliers, après les mêmes intervalles, le sang s’y porte et s’y accumule de lui-même[1]. L’inflammation, le spasme, la convulsion ont leurs retours réglés, sans aucune apparence de cause déterminante dans le matériel de l’organisme[2]. Toute fièvre dont le hasard a ramené les accès à des intervalles égaux, tend à se convertir en une affection périodique ; la périodicité devient de son essence. Tout cela, c’est une exaltation graduelle de la spontanéité.


IV. Si l’on s’élève d’un degré de plus dans la vie, l’être ne se meut plus seulement par parties, il se meut tout entier dans l’espace ; il change de lieu. En même temps, s’ajoutent à ses organes

  1. Stahl, Physiolog., p. 298, in Theoria medica vera. — De motu tonico, et inde pendente motu sanguinis particulari, quo demonstratur, stante circulatione, sanguinem et cum eo commeantes humores ad quamlibet corporis partem, præ aliis, copiosius dirigi et propelli posse, etc. (Jenæ, 1692, in-4o.)
  2. Richter, De affectibus periodicis (1702, in-4o). Rhetius, De morbis habitualibus (Halæ, 1698, in-4o). Jung, De consuetudinis efficacia generali in actibus vitalibus (Halæ, 1705, in-4o). — Ce sont des thèses soutenues sous la présidence de Stahl. — Cf. Barthez, Nouv. élem. de la science de l’homme, xiii, 1.