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Page:Reclus - Histoire d'une montagne, 1880.djvu/175

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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

aimables que les prairies d’en bas ; leurs pelouses sont d’une gaieté plus douce et plus intime. On s’y promène sans effort sur l’herbe courte et l’on y fait plus aisément connaissance avec les fleurs qui jaillissent par myriades des touffes de verdure. Là, du reste, l’éclat des corolles est incomparable. Le soleil y darde des rayons plus brûlants, d’une action chimique plus puissante et plus rapide ; il élabore dans la sève des substances colorantes d’une beauté plus parfaite. Armés de leurs loupes, le botaniste, le physicien, constatent dûment le phénomène ; mais, sans leurs instruments, le simple promeneur reconnaît bien à l’œil nu que le bleu de nulle fleur de la plaine n’égale l’azur profond de la petite gentiane. Pressées de vivre et de jouir, les plantes se font plus belles ; elles s’ornent de couleurs plus vives, car la saison de la joie sera courte ; après l’été qui s’enfuit, la mort les surprendra.

Le regard est ébloui de l’éclat que présentent les larges plaques de gazon parsemées des étoiles d’un rose vif du silène, des grappes bleues du myosotis, des larges fleurs au