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Page:Reclus - Histoire d'une montagne, 1880.djvu/176

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LES FORÊTS ET LES PÂTURAGES.

cœur d’or de l’aster des Alpes. Sur les pentes plus sèches, au milieu des roches arides, croissent l’orchis noire au parfum de vanille et le « pied de lion », dont la fleur ne se fane jamais et reste un symbole de constance éternelle.

Parmi ces herbes aux fleurs éclatantes, il en est que n’effraye nullement le voisinage de la neige et de l’eau glacée. Elles ne sont point frileuses ; tout à côté des cristaux du névé, le flux de la sève circule librement dans les tissus de la délicate soldanelle, qui penche au-dessus de la neige sa corolle d’une nuance si tendre et si pure ; quand le soleil brille, on peut dire d’elle, mieux que du palmier des oasis, qu’elle a son pied dans la glace et sa tête dans le feu. À la sortie même des neiges, le torrent, dont l’eau laiteuse semble être de la glace à peine fondue, entoure de ses bras un îlot fleuri, bouquet charmant aux tiges sans cesse frissonnantes. Plus loin, le lit de neige que l’ombre du rocher a défendu contre les rayons du soleil est tout diapré de fleurs ; la douce température qu’elles répandent a fondu la neige autour d’elles ; on dirait