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Page:Reclus - L’Homme et la Terre, tome 2, Librairie Universelle, 1905.djvu/155

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flore et faune

aux jambes rayées (Equus tœnopius Heaglin), bondissant sur les rochers de l’Etbaï, qui devint le compagnon de l’homme dans ses voyages à travers les solitudes et qui prit et prend encore en Égypte une si grande part à la vie domestique. Quant aux chevaux à front bombé, desquels sont descendus les chevaux barbes, c’est aux envahisseurs touraniens que Piètrement en attribue l’introduction, par la voie de l’isthme au nord-est du delta[1].

D’après le résultat de ces recherches zoologiques et botaniques, il reste constant que l’Asie et l’Afrique eurent l’une et l’autre une part
gavage des oies d’après un bas-relief égyptien
considérable dans le développement historique des Egyptiens. Sans doute les premiers animaux vivant dans la familiarité des riverains, le chien, le chat, la gazelle, la demoiselle de Numidie, les oies et les canards, les grues, cigognes et tourterelles, étaient de provenance africaine, mais dès les premières époques, on remarque sur les monuments égyptiens la figuration du bœuf, originaire d’Asie. Les bœufs d’un bas-relief de Giseh, très remarquables par la grande dimension de leurs cornes en forme de lyre, la hauteur du garrot et l’obliquité de la ligne dorsale qui descend du train antérieur à la croupe, sont très certainement des bœufs asiatiques, et les méprises que l’on a faites au sujet de deux prétendues races bovines en Égypte, proviennent de ce que les archéologues ont confondu les taureaux de l’unique espèce avec des bœufs à courtes cornes[2].

Les moutons, les chèvres, qui furent introduits à des âges anciens de la civilisation égyptienne sont également d’origine asiatique et vinrent après le bœuf, mais antérieurement à l’introduction du cheval. C’est pendant la période de l’histoire relativement récente que le chameau fut amené sur les bords du Nil, où il paraît maintenant tout à fait indispensable comme élément de paysage.

  1. Revue d’Ethnographie, t. II, 1884, pp. 369-388.
  2. Piètrement, Les Chevaux dans les Temps préhistoriques et historiques, Bull. de la Soc. d’Anthrop. de Paris, 1896, pp. 657 et suiv.