Aller au contenu

Page:Reclus - L’Homme et la Terre, tome 2, Librairie Universelle, 1905.djvu/455

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
447
fureur guerrière

de petits peuples lui faisait un cortège de haines, il lui assurait en même temps des amitiés. Dès ses origines, la petite nation se rattachait à plusieurs cités, à plusieurs races, à plusieurs religions et réunissait en elle de très précieuses parentés qui furent une grande force dans ses
Musée de Naples.Cl. Atinari.
lampe romaine
alliances. Les Albains, habitants de la ville d’Albe dont les jumeaux fondateurs de Rome étaient originaires, nous dit la légende, se composaient eux-mêmes de deux populations associées et non confondues, l’une indigène, l’autre de souche étrangère : celle-ci, nous dit-on, serait venue de Troie sous la conduite d’un prêtre et fils de roi, le « pieux » Enée, et l’on sait cette tradition antérieure à l’époque où les Romains entrèrent en rapports avec l’Orient[1]. Dans la première juxtaposition des races qui se rencontraient à Rome, il était naturel que les forts voulussent se rattacher par l’origine à la nation la plus civilisée d’alors et qu’on reléguât les faibles parmi les indigènes à demi barbares. Les plé-

  1. Tite-Live, XXV, 12 ; — Fustel de Coulanges, La Cité antique, pages 163 et s.