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Page:Recordon - Le chrétien et les dettes.djvu/13

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même une dette… n’est-ce pas cruel ? N’est-il pas naturel que son cœur soit aigri contre celui qui n’aurait eu qu’à puiser dans sa poche ou à signer un billet pour lui procurer ce qui lui est légitimement dû ? S’il y avait parmi nos lecteurs, ne fût-ce qu’un seul frère qui eût conservé cette impie habitude de quelques-uns des riches de ce monde, nous lui rappellerions que Dieu, qui prend, en amour, connaissance des circonstances des pauvres, avait donné cet ordre à son ancien peuple : « Tu ne feras point de tort au mercenaire pauvre et indigent d’entre tes frères, ou d’entre les étrangers qui demeurent en ton pays… Tu lui donneras son salaire le jour même qu’il aura travaillé, avant que le soleil se couche ; car il est pauvre, et c’est à quoi son âme s’attend, afin qu’il ne crie point contre toi à l’Éternel, et que tu ne pèches point en cela » (Deut. XXIV, 14, 15). Souvenons-nous aussi de cette autre écriture : « Ne dis point à ton prochain : Va, et retourne, et je te le donnerai demain, quand tu l’as par devers toi » (Prov. III, 28). Or, les disciples, les affranchis de Jésus-Christ devraient-ils être moins miséricordieux que les esclaves de la loi ?

Qu’on nous permette d’ajouter ici les réponses données par un bien cher frère anglais, C.-H. M., dans une feuille mensuelle, du genre de la nôtre, à deux frères qui, en divers temps, l’avaient consulté sur la question des dettes.

Mais, avant cela, encore un mot qui s’adresse à une tout autre classe de chrétiens. On dira et l’on m’a déjà dit : « Mais s’il est interdit à un frère d’emprunter, ne sera-t-il pas, par conséquent, interdit à d’autres frères de prêter ? » Cette objection, conforme à la logique