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Page:Recordon - Le chrétien et les dettes.djvu/12

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esprit de mécontentement d’un humble sort, cette facilité à franchir les limites de la droiture, de la probité et de la dépendance de Dieu seul, pour mieux réussir dans ses affaires, — nous serions heureux de les avoir écrites. Oh ! si elles pouvaient arrêter, ne fût-ce qu’un frère ou une sœur, entré, peut-être par ignorance et sans mauvaise intention, dans cette voie fatale — et lui faire rebrousser chemin avant que le mal fût devenu, en quelque sorte, irrémédiable, nous en bénirions le Seigneur dont nous réclamons la bénédiction sur ces avertissements.

Il est des chrétiens à leur aise ou même riches qui, soit par insouciance, soit par oubli, négligent fréquemment d’acquitter sur-le-champ leur petites dettes à leurs fournisseurs et ouvriers. À moins, comme c’est quelquefois le cas, de conventions contraires préférées par les créanciers, nous ne saurions trop blâmer ce mode d’agir. Il est tout ce qu’il y a de plus opposé à la vraie charité et dénote un manque de sympathie pour les classes appelées à vivre de leur travail. Cet usage, que je ne crains pas d’appeler barbare, peut se rencontrer chez des personnes d’ailleurs fort généreuses et sachant ouvrir largement leurs bourses pour des œuvres de bienfaisance. Nous leur dirions : « Il fallait faire ces choses-ci et ne pas négliger celles-là, » ou plutôt : Avant de donner, il fallait payer ce que vous deviez. — Vous ne savez pas, ne vous étant jamais identifiés avec leurs circonstances, combien de peines, d’angoisses, de murmures apporte peut-être dans la maison du pauvre ouvrier votre négligence à le satisfaire. S’il avait compté là-dessus pour le pain de sa famille ; si vous l’aviez ainsi mis dans le cas de faire lui-