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Page:Recordon - Le chrétien et les dettes.djvu/5

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Et si vous alléguez qu’il faut pourtant bien que vous entrepreniez quelque chose pour subvenir à vos besoins et à ceux de votre famille, je réponds : Sans aucun doute, car Dieu nous ordonne à tous de travailler, en faisant de nos mains ce qui est bon — et cela non-seulement afin de pourvoir à nos besoins, mais encore afin qu’avec le surplus nous ayons de quoi donner à celui qui est dans l’indigence (Éphés. IV, 28). Quant aux entreprises, soit qu’il s’agisse d’œuvres collectives ou privées, pour répandre l’évangile ou dans un but philanthropique, soit qu’il ne s’agisse que de plans individuels ayant seulement en vue l’avantage temporel de ceux qui les forment, souvenons-nous que, si nous devons en faire, Dieu nous fournira les moyens pour cela[1]. À cet égard, Il nous dit comme à Gédéon (Jug. VI, 14) : « Va avec cette force que tu as. » — Avec cette force, ces ressources qu’il a données — mais pas au delà. Aller au delà, c’est entrer sur le terrain des dettes et, par conséquent, du péché ; c’est chercher la prospérité dans un chemin où Dieu ne peut être avec nous et où nous ne pouvons pas réclamer et attendre sa bénédiction, — cette bénédiction qui seule enrichit, même sans aucun travail de notre part (Prov. X, 22).

Ainsi donc, avant d’acheter une maison ou des terres, avant de fonder un établissement quelconque, grand ou petit, frères, nous vous en supplions, « asseyez-vous premièrement et calculez devant Dieu la dépense pour voir si vous avez de quoi la faire, » et si, par conséquent, Dieu vous y autorise.

  1. Le chrétien devrait toujours comprendre que, dans ce qui a rapport à cette vie, tout ce qui n’est pas possible n’est pas nécessaire.