Aller au contenu

Page:Reinach - Histoire de la Révolution russe.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
75
histoire de la révolution russe

son fils. Mais ce télégramme ne fut pas envoyé, un délégué du Comité exécutif de la Douma, Choulguine, et un membre du Gouvernement provisoire, Goutchkov, ayant annoncé leur arrivée imminente à Pskov, où ils débarquèrent le même jour (15), à dix heures du soir.

L’empereur ne connaissait pas Choulguine et il n’aimait pas Goutchkov, qui avait fait les premières révélations à la Douma au sujet de Raspoutine. Pourtant, il accueillit courtoisement les deux messagers du peuple russe et leur donna audience dans son wagon, en présence de Freedericks, ministre de la cour, et du maître de la cour, général Narishkine. Le général Roussky vint se joindre à eux. Goutchkov prit le premier la parole, conseillant l’abdication en faveur d’Alexis, avec le grand-duc Michel comme régent. L’empereur expliqua qu’après réflexion il ne se sentait pas capable de se séparer de son fils et qu’il abdiquerait en faveur de son frère Michel. Les délégués acceptèrent, non sans avoir fait observer que ce n’était pas la solution prévue. Le tsar se retira dans un wagon voisin et en rapporta vers onze heures un quart (nuit du 15 mars) un acte d’abdication, auquel il consentit, sur l’observation de Choulguine, d’ajouter quelques mots, précisant que son frère Michel serait un monarque constitutionnel. L’acte fut copié à plusieurs exemplaires ; le tsar signa l’un d’eux au crayon. En même temps, pour assurer la transmission des pouvoirs, il nomma le prince Lvov président du Conseil et le grand-duc Nicolas généralissime. Puis le train impérial repartit pour Mohilev.

L’acte d’abdication de Nicolas ii frappa les délégués, comme il frappa tout le monde, par la noblesse des sentiments et du style. « Nous eûmes