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Page:Reinach - Histoire de la Révolution russe.djvu/82

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histoire de la révolution russe

presque honte, dit Choulguine, du brouillon que nous avions préparé nous-mêmes. » Nicolas II n’était pourtant ni un lettré ni un grand cœur ; mais sa dernière composition littéraire, comparable en cela à l’admirable testament de Louis XVI, montra que le langage d’un homme médiocre peut s’élever à la hauteur des circonstances tragiques où ses fautes et son imprévoyance sont expiées.


XXXVI


Revenons à Pétrograd. La ville, pendant cette journée du 15 mars, présentait l’aspect d’un camp. Toute la population était dans les rues, fraternisant avec les soldats ; les députés haranguaient la foule et l’exhortaient au calme ; l’Entente était acclamée ; les grands-ducs libéraux (Michel, Cyrille, Dimitri) étaient l’objet de manifestations chaleureuses. Quelques coups de feu étaient encore tirés par la police, mais la plupart des agents se cachaient ou cherchaient à fuir, déguisés en ouvriers ou en femmes ; plusieurs milliers des plus braves avaient été tués ; il y avait eu deux cents victimes dans le peuple. Les membres du gouvernement précédent, jusque-là incarcérés à la Douma, furent transférés à la forteresse Pierre-et-Paul. Les généraux Roussky et Broussilov, au nom de leurs troupes, signifièrent leur adhésion au nouveau régime ; d’autres s’empressèrent de les imiter.

Enfin, après s’être mis d’accord avec le Comité de Tauride, le Gouvernement provisoire publia une proclamation décrétant une amnistie générale pour