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Page:Reinach - Histoire de la Révolution russe.djvu/90

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histoire de la révolution russe

Il fallait en finir avec ces persécutions d’un autre âge, dont les Russes intellectuels rougissaient depuis longtemps pour leur pays. Le Gouvernement ne se contenta pas de confirmer les promesses faites à la Pologne. Il proclama la création d’un État polonais indépendant, formé des territoires dont la population est en majorité polonaise ; une assemblée constituante, élue en Pologne au suffrage universel, fixera la forme du gouvernement nouveau. La Pologne restera seulement liée à la Russie « par une alliance militaire libre », ce qui implique aussi sans doute l’unité de la diplomatie.

En ce qui concerne les Lithuaniens, la question est très complexe. Ils ne veulent pas être des esclaves dans une Pologne reconstituée ; ils ne veulent pas que leurs frères les Lettons continuent à être soumis aux barons baltes. Ils ne demandent pas à constituer un pays indépendant, mais à se gouverner eux-mêmes — à jouir du home-rule. Ce qu’on accorderait aux Lithuaniens et aux Lettons, comment le refuser aux Ukrainiens (Petits-Russiens, Ruthènes), aux Géorgiens, aux musulmans du Caucase et de Crimée, etc. ? C’est le fédéralisme en perspective et cette solution n’a rien d’effrayant pourvu que le lien fédératif soit assez fort pour que l’unité nationale soit sauvegardée comme aux États-Unis[1]. On peut prévoir pourtant de grosses difficultés d’application, accrues par les intérêts en conflit des divers clergés.

Pour la Finlande, il s’agissait simplement de supprimer le régime d’exception. La Finlande a été menacée dans ses privilèges, par moments aussi

  1. Cf Dewey, New-York Nation, 1915, II, p. 489.