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Page:Reinach - Histoire de la Révolution russe.djvu/91

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histoire de la révolution russe

brutalement persécutée ; mais sa condition est restée meilleure que celle du reste de l’Empire. La guerre, à laquelle sa population n’a pas contribué, étant exempte du service militaire, l’a énormément enrichie. Elle représente d’ailleurs la partie la plus civilisée de l’Empire russe et son développement économique est à encourager dans l’intérêt de tous.

La législation oppressive fabriquée contre les juifs depuis Catherine II fut supprimée en bloc ; l’émancipation de ces huit millions de sujets russes se fit d’un trait de plume (16 avril). L’effet de cette mesure a été immense aux États-Unis, où les ancêtres de trois millions de juifs russes et polonais (un million et demi à New-York seulement) avaient dû s’expatrier depuis 1881 et où le récit des souffrances infligées à leurs coreligionnaires entretenait un esprit hostile à l’Entente, habilement exploité par les agents des Empires centraux. En réalité, la persécution des juifs était un mal étranger, d’origine germanique, introduit par l’administration en Russie. Le Temps écrivait avec raison (31 mai 1915) : « Le peuple russe, essentiellement libéral et tolérant, a appris les pogroms à l’école de la police allemande, qui veut diviser le pays ; l’influence allemande est maîtresse dans la police. » Nous avons déjà eu l’occasion de dire pourquoi (p. 19).


VI. — La question des paysans.


La « faim de la terre » est générale parmi les paysans russes. Lors de l’abolition du servage, quarante millions de paysans reçurent des domaines à peine suffisants pour les nourrir ; ils sont aujour-