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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/155

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de la peſte de Marſeille


on lui crie du plus loin que l’on peut, qu’il aye bon courage, tandis qu’on le lui abat par ce cruel délaiſſement, heureux ſi on lui livre un Domeſtique, tout le reſte de la famille s’enferme dans l’apartement le plus éloigné de la chambre du malade, ou même abandonne tout-à-fait la maiſon. Dans ce triſte état, le malade ne voit plus que l’affreux image de la mort, que cet abandonnement ſemble lui annoncer : ſon trouble ſe montre par des yeux étincelans, par un regard égaré, & par un viſage tout contrefait : le Medecin emploit vainement ſon art pour le guérir, & ſon éloquence pour le raſſûrer : ſouvent les précautions dont il uſe lui-même, en aprochant le malade, démentent ce qu’il lui dit, & finalement ce malheureux meurt dénué de tout ſecours & de toute conſolation, & laiſſe à des parens ingrats un bien conſiderable, qui lui a été inutile dans ces derniers moments.

Paſſons de celle-là dans les maiſons voiſines, & nous y trouverons dans la même chambre, & ſouvent dans le même lict toute une famille acca-