blée ſous le poids du même mal,
qui par les cris & les differentes plaintes
de tant de malades, forme un
triſte & lugubre concert. L’un brûlé
par les ardeurs de la fiévre, demande
des rafraichiſſemens que perſonne
ne peut lui donner ; l’autre agité
par des inquiétudes mortelles, interrompt
le repos de tous ; quelquefois
un d’eux un peu moins accablé que
les autres, ſe traîne hors du lict,
pour leur donner les ſecours dont il a
beſoin lui-même. Ici c’eſt un fils couché
auprès de ſon pere, & qui tourmenté
d’un cruel vomiſſement, irrite
par ſes efforts redoublés toutes les
douleurs du pere. Là c’eſt une mere
éplorée auprès de ſa fille, que la violence
du mal rend inſenſible à ſes gémiſſemens ;
empreſſée à la ſecourir,
elle ſe donne des ſoins inutiles, une
mort ſoudaine enleve la fille, & laiſſe
la mere dans la déſolation & dans
le deſeſpoir. Ailleurs on voit le mari
& la femme couchés dans le même
lict, qui mêlent leurs larmes ſur leur
commune infortune ; ils s’excitent &
s’encouragent l’un l’autre, tantôt
par des ſentimens d’une amitié reci-
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Relation Hiſtorique