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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/170

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Relation Hiſtorique


arrêter : & pour la verité, elle nous ſera toûjours ſacrée, & nulle ſorte de conſideration ne pourra nous porter à la trahir.

Juſqu’ici la Ville avoit paru déſerte, il ſembloit que tous les habitans en étoient ſortis, & qu’il n’y étoit pas reſté une ame. Cette ſolitude étoit encore plus ſuportable que la vûë d’un nombre infini de morts & de malades, dont toutes les ruës & toutes les places publiques furent couvertes en peu de jours. Bien des raiſons obligeoient les malades à quitter leurs maiſons. Nous avons déja remarqué que des deux Hôpitaux qu’on avoit établis, l’un n’étoit pas aſſez grand pour contenir la ſixiéme partie des malades, & l’autre ne devoit pas être prêt de long-tems. Les pauvres étoient donc ſans retraite, & manquant de tout chez eux, ils deſcendoient dans les ruës, ou pour exciter la charité des voiſins, ou dans l’eſperance de pouvoir ſe traîner juſques à l’Hôpital. Par la même raiſon, une infinité de gens qui ne manquoient de rien, mais qui vivoient ſans domeſtique, & étoient ſans fa-