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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/171

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de la peſte de Marſeille


mille, ſe voyoient dans la neceſſité de perir ſans aucune ſorte de ſecours, & ſans eſperance de pouvoir s’en procurer à quel prix que ce fût. Ceux-là avoient-ils d’autre parti à prendre, que de venir attendre à la ruë un ſecours qu’ils ſe flattoient d’y trouver, & dont ils étoient aſſûrés de manquer en reſtant chez eux ? Tel eſt encore l’état de ceux qui reſtent les derniers après la mort de toute leur famille : ils ont ſecouru tous les autres, & il ne reſte plus perſonne dans la maiſon qui puiſſe les ſecourir : tout eſt mort, parens, voiſins, femme, enfans ; triſte état qui leur fait regreter de leur avoir ſurvêcu, & dont ils ne peuvent ſe tirer qu’en abandonnant leurs maiſons, pour aller s’expoſer à toutes les injures de l’air, au milieu d’une ruë. Pluſieurs s’arrêtoient à la porte de leurs maiſons, retenus ou par la foibleſſe, ou par la honte de ſe montrer en pleine ruë reduits aux dernieres extrêmités.

On voyoit encore dans les ruës une autre eſpece de malades, dont le ſort étoit bien plus déplorable. Oſerai-je le dire, & pourra-t’on le croire ? c’é-

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