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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/179

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de la peſte de Marſeille


roient à leurs côtés. Il y avoit toûjours dans la cour de cet Hôpital un tas de cadavres mis en confuſion les uns ſur les autres, dont les plus bas écraſez par le poids des autres teignoient le pavé de ſang, & laiſſoient répandre des parties, dont la vûë n’étoit pas moins horrible que l’infection en étoit dangereuſe ; n’en diſons pas davantage, & hâtons-nous de ſortir de ce lieu d’horreur.

Arrêtons-nous pourtant un moment dans l’autre Hôpital, qui étoit deſtiné pour les petits enfans Orphelins, ils ſont le plus digne objet de la charité chrétienne, & la plus chere portion du troupeau de Jeſus-Chriſt. Helas ! ils ont été les plus negligés ; pour donner une idée de leur état, & nous épargner la peine de le repreſenter, nous dirons ſeulement que de deux à trois mille enfans. Il n’en eſt pas rechapé cent, & que l’œconome chargé du ſoin de ces innocens, convaincu de divers crimes fût pendu ici dans le mois de Fevrier.

Si la vûë des malades excitoit tour à tour des ſentimens d’horreur & de pitié, celle des cadavres jettoit le