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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/180

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Relation Hiſtorique


trouble & l’effroi dans tous les cœurs. Toutes les ruës en étoient couvertes, on ne ſçavoit plus où faire des foſſes, on ne trouvoit plus de Foſſoyeurs, plus de Corbeaux ; ceux qui étoient encore ſur pied en faiſoient un indigne commerce, ils n’enlevoient que les morts, dont les parens étoient en état de les payer. On doit juger par-là qu’ils en laiſſoient pluſieurs, auſſi ils s’accumulerent à un point, que l’on ſe vit preſque hors d’état de les enlever. Nous dirons dans la ſuite les meſures que l’on prit pour en venir à bout. Cependant repreſentons-nous le trouble d’une Ville, où il mouroit plus de mille perſonnes par jour, à qui les ruës ſervoient de tombeau ; auſſi elles étoient, pour ainſi dire, jonchées de morts & de malades, en ſorte que dans les plus grandes, à peine trouvoit-on à mettre le pied hors des cadavres, & en certains endroits, il falloit les y mettre deſſus, pour pouvoir paſſer. C’étoit bien autre choſe dans les Places publiques, & devant les portes des Egliſes, ils y étoient entaſſés les uns ſur les autres ; & dans une Explanade,