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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/237

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de la peſte de Marſeille


leur travaux & par leur zele. Ce fût moins la valeur de Joſué qui donna la victoire aux Iſraëlites, que les prieres de Moyſe ſur la montagne. Peut-être devons-nous plutôt la ceſſation de nos malheurs à la pieté des ames ſaintes, qui gemiſſoient devant Dieu dans l’interieur de la retraite, qu’aux ſoins infatigables de ceux qui ont ſi genereuſement ſervi leur Patrie.

Ceux qui avoient crû trouver ſur la mer un aſile aſſûré contre la contagion, furent bientôt trompés dans leur attente : obligés de deſcendre à terre pour aller prendre des proviſions, ils s’infecterent, & perirent encore plus miſerablement que les autres. Là nul eſpoir de ſecours, nulle commodité, nul moyen de s’éviter les uns les autres. Ceux en qui il reſte quelque ſentiment de charité, trouvent aſſez de ſujets dans la Ville, ſur leſquels ils peuvent l’exercer, ſans ſe croire obligés de paſſer la mer. Ainſi ces malheureuſes familles ſont encore plus abandonnées que les autres. Les uns meurent ſeuls dans des Batteaux, les autres dans les Vaiſſeaux & dans les Barques, & par tout

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