ſans aucun ſecours ; quelques-uns
troublés par le délire, s’enſeveliſſent
tous vivans dans les eaux, qui fervent
auſſi de tombeau à tous les autres :
on trouve de tems en tems ſur
les bords de la mer les cadavres qu’elle
y rejette tous rongés par les poiſſons ;
d’autres flottent au gré des
ondes ; enfin c’eſt ſur mer la même
déſolation que ſur terre ; nul endroit
qui ne ſe reſſente de ce terrible fleau ;
nul élément où il ne porte ſa fureur :
car ceux qui ſont ſeparés de tout, &
qui campés ſous des tentes en raſe
campagne ne tiennent qu’à l’air qui
les environne, n’échapent pas au malheur
commun. La pureté de l’air qu’ils
reſpirent, l’éloignement de tout
commerce, & de tout ce qui pouvoit
les infecter, ne pût pas les garantir
du mal ; & cette heureuſe ſituation,
qui ſembloit devoir les conſerver,
ne ſert aujourd’hui qu’à rendre
leur état plus déplorable par l’éloignement
de tout ſecours, & par la
privation de toute ſorte de commodité ;
ils ſe flattent d’en trouver dans
la Ville, ils y viennent groſſir le
nombre des malheureux, & dans peu
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Relation Hiſtorique