Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220
Relation Hiſtorique


ſans aucun ſecours ; quelques-uns troublés par le délire, s’enſeveliſſent tous vivans dans les eaux, qui fervent auſſi de tombeau à tous les autres : on trouve de tems en tems ſur les bords de la mer les cadavres qu’elle y rejette tous rongés par les poiſſons ; d’autres flottent au gré des ondes ; enfin c’eſt ſur mer la même déſolation que ſur terre ; nul endroit qui ne ſe reſſente de ce terrible fleau ; nul élément où il ne porte ſa fureur : car ceux qui ſont ſeparés de tout, & qui campés ſous des tentes en raſe campagne ne tiennent qu’à l’air qui les environne, n’échapent pas au malheur commun. La pureté de l’air qu’ils reſpirent, l’éloignement de tout commerce, & de tout ce qui pouvoit les infecter, ne pût pas les garantir du mal ; & cette heureuſe ſituation, qui ſembloit devoir les conſerver, ne ſert aujourd’hui qu’à rendre leur état plus déplorable par l’éloignement de tout ſecours, & par la privation de toute ſorte de commodité ; ils ſe flattent d’en trouver dans la Ville, ils y viennent groſſir le nombre des malheureux, & dans peu