tout ; les Bergers qui n’ont d’autre
commerce qu’avec leurs troupeaux,
en ſont frapés ; elle n’épargne aucun
état ; les Bourgeois retirés dans leurs
Baſtides en ſont pris : envain ils ont
fui la Ville, pour ſe dérober à la fureur
du mal, il va les chercher à la
Campagne ; il force, pour ainſi dire,
les barrieres qu’ils lui opoſent, & à
la faveur deſquelles ils ſe croyent en
ſûreté. Ils ſouffrent déja les mêmes
extrêmités de la diſette & de la privation
de tout ſecours que ceux de la
Ville ; les Prêtres des quartiers, qui
ſe ſont ſacrifiés ſi genereuſement,
ſont enlevés des premiers, & laiſſent
les malades de la Campagne ſans
Confeſſeurs ; la Ville qui en manque
ne ſçauroit en fournir : les ſecours de
la Medecine manquent également,
ils n’en doivent pas attendre tant que
la Ville ſera preſſée du mal. Les Chirurgiens
établis dans les quartiers,
avoient déja éprouvés le ſort des autres ;
il ne s’en trouve plus pour les
remplacer. Quelques Garçons Chirurgiens
échapent de tems en tems de la
Ville, & vont faire des courſes en
campagne, encore faut-il les payer
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Relation Hiſtorique