faut brûler les Cadavres dans les Places
publiques, & conſumer par le
feu ceux qu’on ne peut pas enterrer,
comme on le pratiqua dans la derniere
peſte de Genes, qui ne cedoit
guéres en violence à celle-ci ; mais
on conſidera que l’infection des corps
brûlés ne ſeroit pas moins à craindre
que celle des Cadavres corrompus.
Un autre propoſa un expedient fort
ſingulier, car la neceſſité & la vûë
du peril rendent ingenieux à trouver
les moyens de s’en garantir ; c’étoit
de prendre le plus gros Vaiſſeau qui
ſeroit dans le Port, le démater, & le
vuider entierement pour le remplir de
corps morts, le refermer exactement,
en ſuite le tirer au large dans la Mer,
& le couler à fond : je ne ſçai même
ſi on n’avoit pas commencé d’executer
ce nouveau projet, qui n’étoit
pourtant qu’une viſion ; car comment
ranger les Cadavres dans le
fond d’un Navire, & ne pouvant pas
être rempli dans un jour, qui auroit
voulu y deſcendre le lendemain ? De
plus ſi un corps noyé reparoit quelque
tems après ſur la Mer, quand
toutes ſes parties gonflées ſont en égal
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de la peſte de Marſeille