recrient qu’il mette le gouvernail de
la Ville en d’autres mains, que
celles qui doivent naturellement le
tenir. Enfin quoyque l’Autheur y répande
par tout les loüanges à pleines
mains, il a eu le malheur de ne contenter
perſonne. Le Public de ſon
côté auroit ſouhaité n’y pas voir
certains faits deguiſés, d’autres alterés,
& d’autres paſſés ſous ſilence.
Cet Ouvrage eſt pourtant aſſes éxact,
les traits y ſont vifs, les tours variés,
nos malheurs y ſont décrits
avec une éloquence faſtueuſe, & la
maladie faiſant rafle de tout y eſt peinte
au naturel[1]. Le malheureux ſuccès
de cette relation coûta la vie à toutes
les autres, & fut cauſe qu’elles ne
virent pas le jour ; chacun craignit
le même ſort pour la ſienne, & tous
ces Autheurs aimoient mieux les ſuprimer,
que de renoncer au droit de
dire la verité.
Il n’en fût pas de même de nos Poëtes ; plus hardis que les Hiſtoriens, ils donnerent un libre eſſort à leur eſprit, & uſerent de toute la liberté de la Poëſie. On vit paroître diverſes odes ſur la Peſte : toutes mar-
- ↑ pag. 16.