ont pû gâter la bile à un tel point
qu’elle nous ait donné la peſte. Car
enfin nous avons bien paſſé des années
de diſette, & de ſterilité ſans
être affligés de ce fleau. En 1709. l’une
& l’autre furent extrêmes, le froid
de l’hyver fût exceſſif, le ſuc des
plantes fût ſi épaiſſi qu’elles moururent
preſque toutes ; cependant cette
diſette extrême & ce deſordre géneral
des Elemens & de toute la nature
ne nous produiſirent que des fiévres
malignes ordinaires, bien differentes de
la maladie d’aujourd’huy, quoy qu’on
en diſe, puiſque les mêmes remedes
qui guériſſoient celles-là, ont été nuiſibles
pour ne pas dire mortels dans
celle-cy. Mais nous allons être ſatisfaits ;
quand on ſçait accommoder les
ouvertures des Cadavres à ſon ſiſtême,
on n’eſt pas en peine d’arranger
les revolutions des ſaiſons ſelon ſes
idées. Voicy comme l’Autheur ſe tire
d’affaire là-deſſus dans l’obſervation.
11. „ Il y eut en 1719. une diſette de
bled occaſionnée par l’irrégularité des
ſaiſons & pendant les quatre mois,
qui précederent la peſte le peuple de
Marſeille mangea du Bled du Levant
mélangé d’un tiers d’Orge,
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Relation Hiſtorique