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Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/77

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Malgré ce conseil intéressé qu’elle donnait et son espoir qu’il serait suivi, le princesse ne fut complètement rassurée qu’après avoir reçu de son mari une réponse complètement conforme à ses désirs.

Pierre félicitait sa femme de son heureuse délivrance, lui recommandait la plus grande prudence, l’embrassait affectueusement ainsi que l’enfant nouveau-né, et se rangeait à son avis ; il ne viendrait pas à Paris, mais l’attendrait en Courlande, où tout serait disposé pour la recevoir dans un mois.

— Oh ! dans un mois, nous verrons, dit-elle à Paul, après lui avoir communiqué cette dépêche. C’est la santé de Tekla qui s’opposera à ce voyage, et nous n’irons à Pampeln qu’à la belle saison. Je dis « nous », car tu viendras bien vite m’y rejoindre, n’est-ce pas ? Sinon, je ne partirai pas.

Et jetant ses deux bras au cou de son amant, l’accouchée l’attira vers elle d’un mouvement presque sauvage, comme si la passion endormie quelques mois par la maternité se fût de nouveau subitement emparée d’elle.

Délivré de toute crainte à l’égard du prince, Paul répondit chaleureusement à l’étreinte de Lise, et à partir de ce moment-là, il fut si rempli d’attentions pour elle, il sembla tant aimer la fillette, que l’épouse adultère n’avait jamais été aussi complètement heureuse.

Les Meyrin, on le conçoit, avaient été les premiers à venir féliciter la jeune mère, et le jour où Lise Olsdorf les réunit à sa table avec Mme Daubrel, pour fêter ses relevailles, chacun des membres de la famille trouva sous sa serviette un cadeau princier. À la fin du dîner, on apporta le bébé dans une corbeille de dentelles garnie de roses, et le dessert n’était pas terminé que la paternité de Paul ne pouvait plus faire de doute pour personne, tant la princesse s’était montrée démonstrative avec celui qu’elle aimait.

Toutefois, les dames Meyrin ne sourcillèrent pas ; elles ne voulurent rien comprendre et il s’en fallut de peu que la femme de Frantz, par une sorte de protestation hypocrite, qui lui paraissait devoir sauvegarder sa vertu bour-