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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/284

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d’un tribunal du département de Seine-et-Loire au siège de la cour, dans l’espoir que sous la main d’un procureur général, il apporterait un peu plus de circonspection dans sa façon d’agir.

Malheureusement, à Vermel, avec un chef de parquet aussi peu capable que M. Lachaussée, M. Duret était vraiment le maître. On racontait de lui certains actes d’omnipotence si étranges qu’on se serait refusé à y croire si on n’en avait eu la preuve.

Quant à M. Babou, nous l’avons vu à l’œuvre. C’était bien ce qu’on pouvait appeler un magistrat de la nouvelle couche, à tous les points de vue.

Fils d’un petit huissier de la campagne qui avait fait suer sang et larmes à de pauvres diables pour que son héritier devînt avocat, Jérôme Babou n’avait conquis ses diplômes qu’à force de piocher, car son intelligence était médiocre ; puis, après le Quatre Septembre, préférant de beaucoup la robe au fusil, il était entré dans la magistrature, où il avait fait son chemin peu à peu, à force d’obséquiosité et de souplesse, jusqu’au jour où il avait été choisi parmi les membres du tribunal de Vermel pour remplir les fonctions de juge d’instruction ; non point qu’on le supposât le plus capable de ses collègues, mais parce qu’il était travailleur et qu’on savait qu’en questions politiques, on le trouverait disposé, par ambition, à suivre aveuglément les ordres de ses chefs hiérarchiques.