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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/285

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Néanmoins, bien qu’il exerçât depuis déjà plusieurs années, le fils de l’huissier n’était pas dégrossi : il était resté paysan, commun, d’un esprit étroit, de vue courte, de ton vulgaire, n’ayant rien acquis au contact des gens de distinction qu’il fréquentait au Palais.

Il n’allait pas dans le monde, d’abord parce que nul des vrais salons de Vermel ne lui était ouvert, et ensuite parce que sa femme, extrêmement avare et aussi peu distinguée que lui, ne voulait faire aucun frais de toilette et que, de plus, fort jalouse, elle permettait rarement à son mari de sortir seul.

Il résultait de l’existence qu’avait toujours menée Jérôme Babou qu’il était, à quarante ans, aussi ignorant des choses de la vie que s’il ne s’était jamais éloigné de l’étude poussiéreuse de son père, et qu’il avait une haine instinctive pour tout ce qui était jeune, élégant et riche.

Quant à sa femme, foncièrement, bourgeoise et envieuse, nous avons vu qu’elle avait été des plus acharnées à critiquer et à blâmer la jolie Mme Deblain, lorsque celle-ci était arrivée de Philadelphie pour donner un élan nouveau à la société de Vermel.

On conçoit donc aisément si Mme Babou s’était empressée de croire à la culpabilité de l’Américaine, et si elle poussait son mari à user de rigueur à son égard, à ne pas se laisser attendrir