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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/309

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leur se joignit aussitôt un profond désespoir. Non seulement il avait succombé seul, sans une main amie pour lui fermer les yeux, mais encore il n’avait pas reçu les secours de la religion. Cette pensée m’était si pénible qu’elle me conduisit immédiatement à me demander comment il pouvait se faire que sa femme ne l’eût pas entendu se plaindre, car bien certainement il avait appelé à son secours. On pouvait encore lire sur son visage une horrible expression de souffrance, et, bien que tout eût été déjà rangé dans sa chambre, il régnait néanmoins un certain désordre autour de son lit. Je me suis empressée alors de passer chez Mme Deblain. Elle pleurait, mais il ne me sembla point qu’elle eût un aussi grand chagrin qu’elle le voulait exprimer, et quand je lui demandai comment les plaintes de Raymond ne l’avaient pas réveillée, ses réponses furent embarrassées. De cela j’ai gardé fidèlement la mémoire.

Ce qu’il y avait de terrible dans tous ces détails donnés par Mme Dusortois, c’est que celle-ci était d’aussi bonne foi que peut l’être une personne aveuglée par la haine ; c’est qu’elle était absolument convaincue.

Par conséquent, M. Babou ne douta pas un instant de tout ce qu’il plut à la terrible parente de lui raconter ; c’est surtout sur ses dépositions que l’accusation s’affermit, et elles donnèrent au magistrat l’idée de faire une expérience d’acoustique