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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/336

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ordre de M. de la Marniére, dans une pièce éclairée, chauffée et meublée de sièges convenables, qui faisait suite à la chambre du conseil.

Les deux gendarmes chargés de la surveillance des prisonniers se tenaient discrètement à l’écart.

Rhéa était douloureusement changée. Malgré tous les appels qu’elle avait faits à son énergie, malgré les sympathies dont elle se sentait entourée, la présence de ceux qu’elle aimait, le calme de sa conscience et la confiance qu’elle avait aussi bien dans la bonté de sa cause que dans le talent de son avocat, ces trois mois de détention préventive l’avaient brisée.

Son teint n’était plus chaud comme autrefois, ses lèvres se crispaient dans un rictus nerveux. Entourés d’un cercle bleuâtre, ses yeux, aux regards si doux jadis, lançaient des éclairs fiévreux et paraissaient démesurément agrandis. Sa beauté rayonnante avait disparu ; mais la malheureuse était peut-être plus belle encore qu’autrefois, avec sa pâleur de victime et sa résignation de martyre.

Ah ! c’est que, pour elle, nous l’avons dit, les jours avaient été longs et les nuits horribles dans l’isolement de sa cellule ; et à cette heure dernière, à toucher le dénouement de cet épouvantable drame dont elle était l’héroïne, certaines pensées qui l’avaient obsédée dans ses insomnies lui revenaient encore.