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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/362

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« Le magistrat qui s’est ainsi, prononcé a oublié que je suis peintre ; il ignore que bon nombre d’artistes aiment à broyer certaines des couleurs dont ils se servent ; il ne savait pas sans doute alors que l’arséniate de cuivre est la base des verts Véronèse et Mitis, et dans sa perquisition, si minutieuse cependant, il n’a donc pas fait attention à une robe de soie verte, qui se trouve certainement encore dans l’une des grandes armoires de l’atelier, à la Malle, robe qui devait me servir de modèle pour terminer le portrait de Mme Deblain.

« Voilà pourquoi, messieurs, je m’étais fait envoyer de l’arséniate de cuivre, par mon marchand de couleurs habituel. Voila comment, de peintre de quelque réputation, honoré, aimé, estimé de ses nombreux amis de Paris, de soldat médaillé sur le champ de bataille, je suis devenu subitement empoisonneur en province. J’aurais honte de prolonger davantage ces explications ; mais je n’en suis pas moins prêt à répondre à toutes les autres questions que M. le président croira devoir m’adresser.

À ces derniers mots de Félix Barthey, l’auditoire ne put se contenir plus longtemps, et la majorité de ce public, qui avait un peu le droit de se croire au théâtre, éclata en applaudissements.

On eût dit que bon nombre de gens avaient honte, pour leur ville, de l’accusation dont cet étranger était l’objet et qu’ils voulaient, en Ver-