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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/390

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j’arrivai chez moi, je n’avais plus ma raison ! Que se passa-t-il alors ? J’ai peine à m’en souvenir ! Il le faut cependant, pour vous le dire !

« J’étais rentré dans ma maison par cette issue qui ouvre sur une ruelle déserte ; je traversai mon jardin et fus bientôt auprès de cette petite porte qui met en communication les deux hôtels. Pourquoi en ai-je franchi le seuil ? Comment, quelques minutes plus tard, étais-je dans la chambre à coucher de Mme Deblain, où je m’étais introduit dans le silence et l’obscurité de la nuit, ainsi qu’un voleur ! Non, ainsi qu’un amant attendu ! Une lampe recouverte d’un abat-jour rose éclairait faiblement la pièce. Son lit était là, entr’ouvert, prêt à recevoir son corps adoré. Il me semblait l’y voir, me tendant les bras. Dans mon hallucination, je m’élançai pour la saisir.

« À ce moment, je perçus de faibles gémissements. Je m’arrêtai épouvanté. Ces plaintes partaient de l’appartement de Raymond. Mon premier mouvement fut pour me sauver en prenant le chemin par lequel j’étais venu mais, comme malgré moi, fatalité horrible ! je me dirigeai au contraire, en traversant les deux cabinets de toilette, vers la chambre de mon ami. De mon ami ! Je fus bientôt au chevet de son lit. Il avait les yeux ouverts et me reconnut immédiatement, sans paraître surpris de me voir. « Je souffre comme un malheureux, me dit-il, et justement je n’ai plus