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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/408

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son flair professionnel, de l’effet que produisait sur son auditoire cette argumentation qui ne manquait pas d’habileté, il termina de suite en adressant aux jurés cette phrase banale, péroraison forcée de tout réquisitoire :

— Sans vous laisser séduire par la parole des éloquents défenseurs des accusés, mais vous souvenant seulement des dépositions accablantes que vous avez entendues, ainsi que des preuves indiscutables que nous venons de mettre sous vos yeux, preuves morales, matérielles, scientifiques, vous prononcerez selon votre conscience et rendrez le calme, par un verdict sévère, à cette ville troublée par le plus lâche et le plus monstrueux des crimes.

M. Lachaussée comptait certainement sur ce vieux cliché pour prendre sa revanche et obtenir quelques applaudissements à son tour ; mais, sauf par quelques murmures complaisants, le silence ne fut pas troublé, et l’honorable président donna aussitôt la parole à Me Langerol.

Le défenseur de Mme Deblain, l’un des plus brillants avocats du barreau de Vermel, était en même temps journaliste et homme politique d’une grande valeur. Chef du parti réactionnaire dans le département, il portait ses opinions en quelque sorte gravées sur son visage, car il avait un peu le masque d’un Bonaparte.

C’était, de plus, un causeur d’infiniment d’esprit, impitoyable pour ses adversaires qu’il ter-