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Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/188

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de l’enlever sans bruit, avait été empoisonnée par les émanations délétères des plantes narcotiques jetées sur sa couche. Je reconnaissais, dans les mains crispées de l’Hindou, des feuilles d’upas et de mancenillier. La jeune femme devait mourir.

Sir John nous suivait du regard. Aux premiers mots du houkabadar, il comprit, lui aussi, que tout espoir était perdu.

Ce fut alors une scène affreuse.

La bayadère, chez laquelle la vie semblait lutter avant de la quitter, avait repris quelque force, et elle avait attiré son amant auprès d’elle.

— Je t’aimais, sahib, lui disait-elle d’une voix qui ne s’échappait qu’en sifflant de ses poumons brûlés par le poison, mais Brahma n’a pas voulu que je fusse heureuse avec toi. Pardonne-moi et n’oublie pas la pauvre bayadère qui, pour te suivre, avait abandonné son dieu.

Sir John, fou de douleur, n’avait plus de larmes. Il avait saisi la pauvre enfant dans ses bras ; sans pouvoir prononcer une parole, il couvrait de baisers ses lèvres déjà glacées.

— Que j’ai froid et que je souffre ! répétait-elle. Oh ! oui, presse-moi contre ton cœur, je sens que je vais mourir ! Tu me feras élever un beau bûcher, n’est-ce pas, sahib, afin qu’Indra me reçoive auprès de lui. Lorsque tu passeras devant la pagode de Vischnou, tu lui offriras des fleurs et des fruits pour qu’il me pardonne. Oh ! le feu ! le feu qui me brûle !