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Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/189

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Et elle se tordait dans les bras de son amant, se déchirant la poitrine, faisant craquer ses muscles à les briser, ses grands yeux ouverts et ne voyant plus, ses mains cherchant à chasser les ténèbres qui déjà obscurcissaient sa vue, et redisant des mots sans suite : « Les thugs, Kâli, je t’aime, le feu, le poison ! »

Puis, le calme se fit tout à coup sur son visage ; une expression de bonheur suprême rayonna dans ses regards, ses lèvres souriantes semblèrent demander un baiser, et un cri de sir John nous dit qu’il ne pressait plus sur son cœur que le cadavre de sa maîtresse.

J’avais tout lieu de craindre une explosion de désespoir de la part de mon ami ; il n’en fut rien. Se relevant, le visage pâle, mais calme, il coucha doucement le corps dans mon palanquin, mit un dernier baiser sur ces lèvres froides et entr’ouvertes, enveloppa la morte dans un long voile de mousseline, tira les rideaux du palkee et se tourna vers moi.

— Vous aviez raison, ami, me dit-il, j’aurais dû laisser cette enfant à ses danses et à ses compagnes. J’ai agi comme un malhonnête homme ; Dieu me punit.

— Du courage ! sir John, répondis-je en lui prenant la main, il y a vraiment de la force à ne pas se laisser abattre par le malheur ; quittons promptement ces lieux et ne songeons qu’à donner à la pauvre fille les honneurs de la sépulture.

— Oh ! je la vengerai ! Dussé-je y périr, c’est une