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Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/222

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tacle pour ce que les flots sacrés entraînent à la mer.

Les Hindous n’enterrent pas leurs morts ; ils les brûlent ou les jettent à l’eau, et le gouvernement anglais n’a point encore osé s’opposer à cette coutume, qu’ordonnent du reste en même temps et la religion et l’hygiène.

Malheureusement, les Hindous des rives du Gange considèrent le fleuve sacré comme le plus court chemin de leur paradis, et ils ne brûlent pas tous leurs cadavres. Aussi n’est-ce qu’après un assez long séjour sur la rade qu’on s’habitue à la vue de ces corps descendant le courant, les femmes sur le dos, les hommes sur le ventre, cadavres que se disputent avec des cris aigus et perçants les innombrables oiseaux de proie que la loi défend de tuer ; et les caïmans aux têtes rugueuses et aux dents acérées.

Il a été cependant établi en tête de la rade une barrière vivante à ces morts. Ce sont des parias montant de petits bateaux plats, qui ont pour mission de faire couler, en lui attachant une pierre au cou, tout cadavre qui se présente à eux. Mais cette affreuse compagnie remplit fort mal son service, et le fleuve offre au nouveau venu le plus repoussant des spectacles.

On finit cependant par s’y accoutumer. Chaque jour, il arrive à un marin, se rendant à terre en habit de fête, de chasser du pied un cadavre qui lui barre le chemin !

En vingt coups d’avirons nous arrivâmes auprès