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Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/252

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Je ne pouvais songer à charger ma carabine ; un mouvement de ma part dans ce but eût été pour les Indiens un signal de l’attaque. J’étais désespéré, et machinalement je passais la baguette dans les canons de mon pistolet, lorsque je vis que l’un des coups était chargé. L’infidèle serviteur, peu familiarisé avec cette arme, m’avait laissé au moins une balle pour le punir. Je n’hésitai pas alors à mettre mon projet à exécution ; j’étais maintenant convaincu qu’attendre était une mort certaine.

Le patron qui maniait un large aviron en guise de gouvernail était à la portée de ma main, il se tenait en équilibre tour à tour sur l’un des bords de l’embarcation. J’attendis le moment favorable, puis, bondissant tout à coup par les rideaux de l’arrière de la tente, je le poussai violemment dans le fleuve qui se referma sur lui. Saisissant alors son aviron d’une main pendant que l’autre menaçait les Indiens, je leur ordonnai de forcer sur leurs rames, jurant de tuer le premier qui n’obéirait pas.

Mon apparition fut pour les misérables un coup de foudre : leur premier mouvement fut de se courber sur leurs poignées d’aviron, qui, en dix coups, m’éloignèrent assez de celui que j’avais jeté à l’eau pour ne plus avoir à le craindre. Les caïmans du Hougli allaient en faire promptement bonne justice.

Je me croyais déjà vainqueur lorsque j’entendis Soumdi crier aux Indiens :