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Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/258

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sédait si complètement son commandant. Même à la voile, des tentes, dont les rideaux tombaient jusqu’aux bastingages, le couvraient dans toute sa longueur ; des manches à vent apportaient un air frais jusque dans les moindres recoins de ses chambres ; ses provisions de vin, de rhum et de café étaient dignes de la cave d’un ministre ; rien ne manquait enfin. Une bibliothèque fort bien choisie était à ma disposition, sir John semblait avoir entièrement oublié les aventures dramatiques de la côte de Coromandel, mon amitié pour lui se resserrait chaque jour, et nous faisions les plus splendides plans de campagne pour l’avenir. Nous ne parlions de rien moins que de nous lancer un peu à la découverte.

C’est dans ces dispositions qu’un beau soir, après avoir laissé à bâbord, sur cette côte marécageuse et malsaine de Sumatra, tous ces petits États soumis aux Hollandais ou indépendants, mais en tous cas à demi barbares, nous aperçûmes, par tribord devant, l’île Engano avec sa ceinture de récifs. Le lendemain matin, la brise ayant fraîchi et les courants portant rapidement à l’est, nous étions réveillés par les parfums du détroit de la Sonde.

À droite, nous laissions l’île du Prince, devant nous se dressait Crokotoa avec les riches verdures qui s’élèvent jusqu’à son sommet.

Aucune description ne saurait donner une idée de la richesse et de la poésie de ces rivages. Dès que nous eûmes dépassé le détroit, notre navigation de-