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Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/259

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vint une promenade au milieu de jardins flottants. Au bout de quarante-huit heures, le Fire-Fly cherchait sa route à travers ces innombrables îles, qu’on nomme les Mille-Îles pour venir mouiller, à quelques encablures de la longue jetée de Batavia, dans une baie profonde, abritée par des myriades de petits îlots à l’ouest et au nord, et, à l’est, par la pointe Karawang et ses luxuriantes forêts.

Plus de cent cinquante bâtiments étaient en rade ; toutes les nations étaient représentées dans le port de la capitale des possessions hollandaises. Nous croisâmes avant d’arriver à terre, c’est-à-dire, une heure à peine après notre arrivée, car, sir John et moi, nous ne pouvions tenir à bord dès que la terre était en vue, nous croisâmes, dis-je, en gagnant la jetée, des embarcations de tous les pays du monde.

Au milieu des yoles, des gigues, des baleinières, laissant flotter au vent le yac anglais, les étoiles des États-Unis, les trois couleurs françaises, bondissaient légers, gracieux comme des mouettes de tempête, les proas à l’avant recourbé, les longs tambangans avec leurs nombreux passagers, puis des bateaux de forme étrange, si étroits et si légers sur la laine qu’ils ne s’y soutenaient qu’à l’aide d’un contre-poids composé d’un étroit radeau de bambous, que les matelots plaçaient du côté opposé à la brise.

Nous arrivâmes bientôt par le travers du phare qui termine la jetée, très-beau travail en pierres qui s’avance à un millier de mètres dans la rade, et nous