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Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/184

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propre personnalité. Il est son Père, son Père est lui. Il vit dans ses disciples ; il est partout avec eux ; ses disciples sont un, comme lui et son Père sont un. L’idée pour lui est tout ; le corps, qui fait la distinction des personnes, n’est rien.

Le titre de « fils de Dieu, » ou simplement de « Fils, » devint ainsi pour Jésus un titre analogue à « fils de l’homme, » à la seule différence qu’il s’appelait lui-même « fils de l’homme » et qu’il ne semble pas avoir fait le même usage du mot « fils de Dieu. » Le titre de fils de l’homme exprimait sa qualité de juge ; celui de fils de Dieu, sa participation aux desseins suprêmes et sa puissance. Cette puissance n’a pas de limites. Son Père lui a donné tout pouvoir. Il a le droit de changer même le sabbat. Nul ne connaît le Père que par lui. Le Père lui a transmis le droit de juger. La nature lui obéit ; mais elle obéit aussi à quiconque croit et prie ; la foi peut tout. Il faut se rappeler que nulle idée des lois de la nature ne venait, dans son esprit, ni dans celui de ses auditeurs, marquer la limite de l’impossible. Les témoins de ses miracles remercient Dieu « d’avoir donné de tels pouvoirs aux hommes. » Il remet les péchés ; il est supérieur à David, à Abraham, à Salomon, aux prophètes. Nous ne savons sous quelle forme ni dans quelle mesure ces affirmations se produisaient. Jésus ne doit pas être jugé sur la règle de nos petites convenances. L’admiration de ses disciples le