Aller au contenu

Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le fardeau entier de la Loi ; le « pharisien Qu’y a-t-il à faire ? Je le fais, » toujours à la piste d’un précepte à accomplir, et enfin le « pharisien teint, » pour lequel tout l’extérieur de la dévotion n’était qu’un vernis d’hypocrisie. Ce rigorisme, en effet, n’était souvent qu’apparent et cachait en réalité un grand relâchement moral. Le peuple néanmoins en était dupe. Le peuple, dont l’instinct est toujours droit, même quand il s’égare le plus fortement sur les questions de personnes, est très-facilement trompé par les faux dévots. Ce qu’il aime en eux. est bon et digne d’être aimé ; mais il n’a pas assez de pénétration pour discerner l’apparence de la réalité.

L’antipathie qui, dans un monde aussi passionné, dut éclater tout d’abord entre Jésus et des personnes de ce caractère, est facile à comprendre. Jésus ne voulait que la religion du cœur ; celle des pharisiens consistait presque uniquement en observances. Jésus recherchait les humbles et les rebutés de toute sorte ; les pharisiens voyaient en cela une insulte à leur religion d’hommes comme il faut. Un pharisien était un homme infaillible et impeccable, un pédant certain d’avoir raison, prenant la première place à la synagogue, priant dans les rues, faisant l’aumône à son de trompe, regardant si on le salue. Jésus soutenait que chacun doit attendre le jugement de Dieu avec crainte et tremblement. Il s’en faut que la mauvaise direction religieuse